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La photographie
Où l'on évoque la puissance du souvenir au moment le moins opportun...
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La chaise
Une rencontre autour d'un verre, qui ne l'a pas déjà vécu ? Pourtant, à chaque fois, c'est comme si c'était la première. On croise les doigts pour ces deux-là...
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Le pain quotidien
Elle a enfin réussi sa première miche. Personne ne pourra lui ôter cette victoire, aucune critique, pas de moue dubitative. Elle l’a modelée de tous ses doigts boudinés par l’exercice répété du pétrissage depuis près de trois mois. Elle l’a donc vaincue, son angoisse de la farine (semi-complète). Adieu, les sueurs froides en pleine nuit, réveil brutal pour un oubli de levure boulangère, ou pour une température de pousse pas assez tiède, au fond du four, la cuisine toujours en état de siège permanent. Elle a fini par s’accoutumer à la compagnie de ses ustensiles de cuisine, elle qui n’a jamais supporté le moindre rapport de proximité avec un mixeur…
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Note de fond
Elle n’aurait jamais dû lui offrir cette eau de parfum.Tout le monde semble la porter. Tous les passants, un ado dans le bus, ses collègues, le boulanger, sa voisine, tout le monde.
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Le monde d’après
Presque dix minutes qu’il s’acharne sur la sonnette de l’immeuble, déchirant la quiétude de son exil confiné. Elle pourrait lui ouvrir, songe t’elle depuis son poste d’observation (sa terrasse, tenant plus du boudoir que d’un espace de verdure savamment aménagé ). Il a l’air si fier, le pauvre, avec son t-shirt blanc, son chino fraîchement repassé et ses Birk élimées, qu’elle se sent presque coupable. Mais, avec son placard à provisions débordant de victuailles, ses abonnements à des plateformes musicales et de films, sa bibliothèque pleine à craquer, elle n’ose pas lui annoncer qu’elle a décidé d’annuler le reste de l’année à venir. Rien que ça. Elle mord dans une…
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Femmes la nuit
Elles aiment danser et boire. Ou alors, boire, puis danser. C’est comme cela depuis toujours : dès le mercredi soir, elles enfilent les robes les plus courtes possibles, des combinaisons aux échancrures effarantes, s’enroulent dans leurs éternels trench-coat, et s’engouffrent au Kiss, le bar de leurs instants dérobés à leurs semaines de marathoniennes de bureau. La première qui arrive commande pour les autres : parmi elles, prof de taï-chi/nutritionniste/influenceuse, thésarde survoltée, avocate pour qui la vie privée commence à 22h, artiste pour qui la nuit est le début de la journée, cdd-tiste en reconversion, chômeuse émergeant de la torpeur de sa culpabilité de candidate en pantoufles, unanimement éreintées à l’idée…