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Sophie Martin, radiographie du cœur amoureux
La belle rencontre poétique de la rentrée, c'est auprès de ce premier recueil qu'il faut la rechercher. Du cœur comme s'il en pleuvait...
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“Mes beaux habits au clou”: les mélodies en clair-obscur de Langston Hughes
Le recueil de poèmes Mes beaux habits au clou de l’auteur américain Langston Hughes, édité en début d’année chez Joca Seria, donne à découvrir un style acéré et subtil, comme un refrain que l’on fredonnerait depuis son enfance en ayant oublié d’où il nous vient. Au départ, ce que j’ai aimé, c’est le titre. Mes beaux habits…une tenue de soirée, le costume pour l’office dominical, la robe que l’on ne revêtira que pour cet instant précis. Je me suis enveloppée dans la cadence de ces cinq mots en attendant de recevoir l’ouvrage. Mes beaux habits au clou… La chute est aiguë. Le clou, c’est le synonyme d’un quotidien qu’on connaît…
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[J’ai testé pour vous] Tomber amoureuse
A force d’être agressée physiquement par des posters géants Meetic, d’être l’objet de dîners avec « invité surprise » (il suffit de visualiser l’enfant qu’auraient pu avoir Edward aux mains d’argent et le chanteur de Slipknot pour identifier le prétendant qu’on m’a réservé…non, imaginez juste le chanteur de Slipknot, en fait) de me sentir paria à ma propre fête d’anniversaires où même la salière et le poivrier sont assortis, de constater que mon chat était dans une relation stable en trouple avec la siamoise borgne du 6ème et le chartreux mythomane du 1er, j’ai décidé, moi aussi, de tenter ma chance au grand bingo du love. D’office, j’ai éliminé l’étape Tinder. Bien…
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Un peu moins aujourd’hui qu’hier
AUJOURD’HUI Je n’avais pas l’envie. D’attendre, de t’attendre, de te voir hésiter, faire un bout du chemin sans y croire, si lentement. Je n’avais pas la force. Te savoir. Avec elle. Toi, du haut de ton piédestal démesuré. Bâti de mes propres mains. Je n’avais pas l’attention. Déficit chronique, digne conséquence de ton regard. Ces yeux-là, mon Dieu. Je n’avais pas la patience. Comme si chacun de mes mots – épurés, hésitants, condensés – provoquaient effroi et malaise. Je n’avais pas la bonne distance. Venir vers toi, c’était comme une de ces épopées solitaires. On s’y perd autant qu’on réapprend à éprouver son endurance. Que je n’ai pas. Je n’avais…
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[Une déclaration à] Nicolas Fargues : à l’épreuve de la mélancolie
Paris XIVe, l’après-midi, l’été, une terrasse de café coincée entre le boulevard et la bouche de métro. Mon amie Lisa et moi devisons : faner nos plus belles années à user nos mom jeans à l’ombre d’un amphithéâtre frappé d’un éclairage au néon que les morgues les plus modernes envieraient, plus qu’assez. Le nez plongé dans la crème de mon café, je croise le regard d’un passant, quarantaine sportive. Coup d’œil furtif, je me décompose, ma mémoire photographique fait son œuvre. A ma mine livide, ma comparse s’inquiète. A peine ai-je la force de balbutier : NI.CO.LAS.FAR.GUES.OH.PU.TAIN. « Qui c’est ? Tu le connais ? – J’aurais aimé… – Vas-y, fonce alors, va le saluer !…