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“Traffic Lights” de Victor Solf : balade nocturne
Ce qui me bouleverse toujours, en matière de musique, c’est la manière dont celle-ci parvient à s’installer au bon moment dans ma vie. Pourquoi aujourd’hui, pourquoi cet instant-là, alors que la pluie claque contre les vitres de mon appartement, et que le meilleur choix possible semble de me confronter à mon canapé, dans une lutte perdue d’avance ? Traffic Lights est de la veine de ces titres qui s’impriment pour toujours dans nos instants intimes parce qu’il porte en lui toute cette pulsion, cette espérance indicible, aussi déterminés qu’incertains que nous sommes à revêtir nos frêles armures, prêts à affronter les défis vers lesquels nous portent nos petits cœurs vaillants. Dans…
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BELVOIR, le groupe que tu aurais voulu monter
On continue l’exploration de cette scène française qui nous plaît, aride, abrupte, sans aucun égard pour le consensus, avec un groupe de parisiens monté à Bristol. Il y a une tourmente brillante dans le titre Les Incendies, extrait du premier EP du groupe Belvoir, une odeur de bois fumé. La gorge brûle, les yeux pleurent, mais on y va tout de même, pour le chant scandé et les atmosphères luxuriantes qui semblent s’évader d’un cauchemar inavoué de Charles Dickens. C’est pas mal donne à entendre tout ce que notre époque fait de mieux, et confine à prendre crânement son pied sur fond de transe rock. On espère souffler avec A Table…
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DeSaintex casse les codes avec “Barricadé”
DeSaintex est une énigme. On ne l’a pas vu venir, ce Barricadé là, avec sa voix rauque de mec qui a déjà vécu cent, mille vies. Musicalité minimaliste, flow désabusé, l’auteur-compositeur détache assonances et dissonances avec une délectation toute de désinvolture et de mutinerie. Son EP « Je Vois, Je Crois » (sorti en 2018) se déroule comme une palette d’ambiances tout en contrastes : avec Barricadé, on bat la cadence, frénétique, un peu boudeur, défait par tant de sentiments mêlés ; ce nouveau clip de DeSaintex offre à voir de la terre à mains nues, une atmosphère de polar champêtre imprimée à même la peau d’un personnage en lisière du monde. Une touche…
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Avec “Gang Naturiste” de Charlotte Fever, les bikinis se dérobent
Ce qui est drôle avec la scène française, en ce moment, c’est qu’elle a le chic pour nous amener là où on ne l’attendait plus. Charlotte Fever fait justement partie de ces groupes dont le calibrage pop n’entame en rien la qualité du projet musical, comme en atteste la perle fiévreuse Gang Naturiste. Un chalet au bord de l’océan, une bande d’amis réunis autour d’un repas. Tandis que résonnent les premières notes, l’ambiance s’éloigne clairement du traditionnel combo lait de poule-guimauves grillées pour atteindre un choc thermique des plus déroutants… De leur EP sorti fin 2018, on retient des voix lascives, des mélodies envoûtantes portées par une section rythmique chauffée…
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Heureusement, Saintard a sorti le parfait remède aux cœurs brisés
Avec sa nonchalance charmante, Saintard propulse le titre Paradoxe au rang des mélodies délicieusement entêtantes qu’on s’étonne à savourer dès les premières notes. C’est qu’il le maîtrise à la perfection, ce petit rebond groovy weirdo, à l’instar de John Milk, pop hybride à la croisée des chemins, entre balade frenchie et jazz classieux. Les paroles sont pratiquement soufflées à fleur de tympans, rehaussées par un saxo sexy au possible (peut-il en être autrement avec un saxo ?). On comprend aisément que cet auteur-compositeur-interprète ait notamment pu collaborer avec Prince Wally ou Enchantée Julia. De la luxuriance de ses références (d’illustres inconnus tels que Gil Scott-Heron, Prince, Kenny Garrett…), il tire…
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Joon Moon fait fondre la soul avec “Moonshine Corner”
A quoi tient une belle rencontre ? Au parfait alignement des astres ? A Une foi inébranlable en sa chance ? A La consommation effrénée de trèfles à quatre feuilles ? A tout le moins, il aura fallu un goût commun pour une musique aérienne, sensuelle – beauté fragile d’un air fredonné à fleur de lèvres – pour que le power groupe JOON MOON DEVIENNE INCONTOURNABLE. A l’origine, il y a ces géants qui s’ignorent, que sont Krystle Warren, Julien Decoret et Raphaël Chassin. Warren, on l’aime depuis son premier album Circles (2009) : tension capiteuse, phrasé précis, mélodiste blues surdouée. Decoret, c’est un peu l’homme de l’ombre, dont on admire…