Chroniques

Le bronzage des autres ne passera pas par moi

Il est une réalité que, chaque année, nous nous efforçons en vain d’ignorer. On trottine dans la grisaille, on empile plusieurs gilets sous notre pardessus de printemps avec un sourire de façade…

Mais, rien à faire, elle est bien là, cette petite joue hâlée de la voisine du sixième, à nous narguer du coin de l’oeil, tout comme cette marque de bronzage ridicule rapportée de Saint Malo par votre collègue, qui n’hésite pourtant pas à l’exhiber, avec une assurance que vous ne lui connaissiez pas.

Vous avez la goutte au nez en plein mois de Mai ?

Vous ne vous nourrissez plus que de fruits frais et de salades composées (les graines germées, c’est tellement atroce que cela ne compte pas) ?

Vous vous aspergez de Monoï en guise de lait hydratant?

Vous vous passez en boucle les photos de votre dernier séjour à Barcelone (2001, ça commence à dater) au bureau ?

Ne cherchez plus, ne luttez plus, vous êtes atteint du syndrome des « vacances-TGV » : ces congés de mi-saison qui passent sous votre nez sans arrêt à votre station. Jamais. Never.

 Il est clair que devant des robes légères et des bronzages authentiques, vous ne faites pas le poids. Raconter votre dernière découverte littéraire ne fera qu’aggraver votre cas, même s’il s’agit d’un auteur exilé sur l’île des Açores : l’exotisme ne se partage pas. Et rangez donc cette nouvelle coque d’I-Pad motif montagne, vous devenez ridicule, vraiment.

Tout en recherchant votre bonne humeur qui s’est décidée pour une année sabbatique, vous regrettez qu’une attaque d’anacondas géants ne se soit pas invitée au “parfait” séjour de vos camarades de terrasse de café. Non, pas de distraction pour les justes jaloux : il faudra se contenter de My Zen Tv en continu pour une injection quotidienne de maisons d’hôtes dans le Calvados ou d’hôtels de rêve à Porto.

Les environs des gares offrent cependant un singulier rassurant cortège: des valises, encore des valises, et des mines déconfites. On devine les précieux souvenirs qui gonflent les poches, talismans multicolores et autres coquillages qui murmurent des apéros sur le sable et des régals de fin d’après-midi…et la claque du retour. #compassion #joie honteuse à peine dissimulée

Rentrer, repartir, bronzer par procuration, acheter ou non une veste de la nouvelle collection Dries Van Noten… autant de questions sans réponses et de rêves contrariés qu’il sera toujours temps de partager, du haut du plongeoir de la piscine municipale, aux côtés des bébés nageurs et retraités du quartier. Se plaindre, même auprès de personnes qui n’y comprennent pas grand chose a aussi ses avantages…jusqu’au jour de la revanche.

Comment cela, le Point Soleil, ce n’est pas du jeu ?!

Haut les cœurs !

Crédit photo @ http://abrassard.files.wordpress.com/

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