Coralie Marabelle joue sur un volume en liberté
Comment offrir des tissus épousant les corps sans les pousser au confinement, à une époque où le vêtement se doit de pleinement refléter notre moi profond ? Lauréate du prix du public du festival de Hyères en 2014, Coralie Marabelle a pleinement saisi les nouveaux défis des femmes d’aujourd’hui, soucieuses de confier leurs formes à des vêtements en accord avec la multitude de leurs possibles.
Affranchie des exigences (anachroniques ?) du calendrier de la mode, Coralie Marabelle s’applique un rythme qui lui ressemble, s’offrant le luxe infini du temps ; ses créations deviennent l’expression ultime de sa passion de l’art et des personnes qui l’alimentent. Ainsi, comme elle l’indique sur son site, « bergers iraniens des années 50, Japon traditionnel ou clichés du photographe Seydou Keïta sont autant de points de départs aux collections qu’elle dessine ».
La temporalité de ses micro-collections mensuelles (« la capsule du mois ») s’égrène telle une succession de perles délicates enfilées avec la précision émue de l’orfèvre. Pour le mois de février 2019, la créatrice nous parle de couleurs et de volumes, traitant indifféremment les deux thématiques, les entremêlant même, pour une confrontation des plus tendres. Ici, le beige et le bleu marine s’enserrent amoureusement sur un petit pull aux emmanchures voluptueuses et conquérantes. Là, un trench bicolore surtaillé doté de longues fentes sur les côtés rend hommage à la fièvre 70’s.
Dénuée d’entraves, la mode de Coralie Marabelle parle d’amazones accomplies, inlassablement en (re)conquête de leur liberté. Sa réflexion sur le mouvement confère avant-garde et révèle toute l’empathie d’une styliste ancrée dans un univers fort et sensible. Des tenues basiques à l’élégance réinventée.
Crédit photos@Coralie Marabelle
(Première parution : Beware, 23/02/2019)