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Avec “Gang Naturiste” de Charlotte Fever, les bikinis se dérobent
Ce qui est drôle avec la scène française, en ce moment, c’est qu’elle a le chic pour nous amener là où on ne l’attendait plus. Charlotte Fever fait justement partie de ces groupes dont le calibrage pop n’entame en rien la qualité du projet musical, comme en atteste la perle fiévreuse Gang Naturiste. Un chalet au bord de l’océan, une bande d’amis réunis autour d’un repas. Tandis que résonnent les premières notes, l’ambiance s’éloigne clairement du traditionnel combo lait de poule-guimauves grillées pour atteindre un choc thermique des plus déroutants… De leur EP sorti fin 2018, on retient des voix lascives, des mélodies envoûtantes portées par une section rythmique chauffée…
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Trouver sa voie
On la connait tous. Cette personne qui, depuis la maternelle, sait exactement ce qu’elle attend de la vie. Plan de carrière, vie conjugale, ville ou campagne, nombre d’enfants et prénoms attitrés, couleur d’yeux de la nounou, elle a tout prévu. D’ailleurs, elle possède un carnet de bord rempli de cases à cocher. Et plus les années passent, plus les cases sont noircies. Et puis, me voici. J’aurais aimé que trouver sa voie soit aussi aisé qu’au cinéma. En général, le personnage principal ne se pose aucune question : concentré sur son objectif professionnel, déterminé, plein de motivation, prêt à surmonter les obstacles les plus inconcevables. En réalité, tout cela demeure…
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[Le film] “La tortue rouge”, de Michael Dudok de Wit
Le pitch : un naufragé prisonnier d’une île au confort sommaire. NULLE ÂME QUI VIVE. eT POURTANT… L’homme ne parle pas, ou, du moins, éructe des exclamations universelles communes à tous ceux piégés dans une situation similaire. Rapidement, la chappe du silence, au départ terrifiante, puis, ponctuée du ressac des vagues et du chant des oiseaux, se revêt d’une singulière familiarité. Alors qu’il essaye, une énième fois, de fuir, une tortue rouge renverse sa frêle embarcation : c’est le début de l’aventure pour le naufragé, avec, en filigrane de sa captivité, l’essence même de notre condition. En retirant tout le vacarme du monde, les luttes infinies d’ego et l’amertume de ne pas…
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“L’Odyssée” de Fred Pallem & Le Sacre du Tympan
Pour renouer avec le free-jazz… Écouter L’Odyssée, nouvel album de Fred Pallem & Le Sacre du Tympan, c’est assister à la noce inespérée entre un big band endimanché et des expérimentations pop-funk fulgurantes (à l’instar d’Haemophilus Aphrophilus, grand-messe transcendantale). Bassiste, compositeur émérite, Fred Pallem a réussi le pari fou de réunir près de 17 musiciens (cette année, l’orchestre fête ses 20 ans) pour mener l’objectif commun le plus utile qui soit : diffuser un groove irrésistible, luxuriant, dont l’intérêt majeur est de rétablir la connexion entre le son, l’auditeur et ses tripes. Au cœur d’une transe 70’s (L’Enfant dans la jungle urbaine), on retourne aux origines (Le village du sorcier),…
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Les Gens Pressés sont sur Radio Néo !
Les Gens Pressés ont poussé les portes de la radio associative Radio Néo depuis le mois de septembre, dans le cadre des émissions Chaos et Chaos sur le Ring. Désormais, mes nouvelles chroniques entendues dans Chaos sont à (ré)écouter en podcast, sur tout support et en toutes circonstances : tablettes, mobiles, voiture, trottinette, soirée, fin de soirée, gueule de bois, walk of (no) shame, after party malgré la gueule de bois et walk of shame, finalement, oui… A intervalles (ir)régulières, vous pourrez également savourer ma défense acharnée d’un album que j’ai aimé (et, corrélativement, descendre tous les autres !) dans Chaos sur le Ring, également en podcast. Bonne écoute, et…
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Un peu moins aujourd’hui qu’hier
AUJOURD’HUI Je n’avais pas l’envie. D’attendre, de t’attendre, de te voir hésiter, faire un bout du chemin sans y croire, si lentement. Je n’avais pas la force. Te savoir. Avec elle. Toi, du haut de ton piédestal démesuré. Bâti de mes propres mains. Je n’avais pas l’attention. Déficit chronique, digne conséquence de ton regard. Ces yeux-là, mon Dieu. Je n’avais pas la patience. Comme si chacun de mes mots – épurés, hésitants, condensés – provoquaient effroi et malaise. Je n’avais pas la bonne distance. Venir vers toi, c’était comme une de ces épopées solitaires. On s’y perd autant qu’on réapprend à éprouver son endurance. Que je n’ai pas. Je n’avais…