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Oracle Sisters capture la lumière avec “Spotlight”
Quand je pense qu’on a failli passer à côté de cette sortie… La faute au grabuge ambiant et autre confinement déconfit. En me débattant dans la jungle luxuriante de la boîte mail des Gens Pressés, entre deux spams me promettant une fonction érectile parfaite et un énième orphelin proposant une part non négligeable de son héritage, j’en aurais presque supprimé l’invitation à jeter un œil au nouveau clip de mon coup de cœur 2018 (attendez…déjà ?), Oracle Sisters. Je vous avoue éprouver une certaine joie à évoquer ici, avec vous, un groupe non encore happé par les médias mainstream. Soudain, je me sens l’âme d’un chercheur ; le Pasteur de…
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“Traffic Lights” de Victor Solf : balade nocturne
Ce qui me bouleverse toujours, en matière de musique, c’est la manière dont celle-ci parvient à s’installer au bon moment dans ma vie. Pourquoi aujourd’hui, pourquoi cet instant-là, alors que la pluie claque contre les vitres de mon appartement, et que le meilleur choix possible semble de me confronter à mon canapé, dans une lutte perdue d’avance ? Traffic Lights est de la veine de ces titres qui s’impriment pour toujours dans nos instants intimes parce qu’il porte en lui toute cette pulsion, cette espérance indicible, aussi déterminés qu’incertains que nous sommes à revêtir nos frêles armures, prêts à affronter les défis vers lesquels nous portent nos petits cœurs vaillants. Dans…
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Au mieux
On essaie tous de faire au mieux On mange équilibré On se brosse les dents trois fois par jour On prend des nouvelles de ceux qu’on aime On apprend de ses erreurs On s’enrichit en écoutant On s’efforce d’apprécier sa propre compagnie On prend les escaliers plutôt que l’ascenseur (fichue claustrophobie) On se répète des affirmations positives On fait du vélo, beaucoup de vélo On se guérit de la viande On prend soin des plus fragiles On respecte les anciens On protège ses enfants On se fie à ses serments, même si on a changé, même si on n’y croit plus On chérit sa routine On essaie tous de faire…
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Le dernier verre
Des mois que je fantasme cet instant : fin de soirée, tout le monde est un peu échaudé par les tournées de bières et de cocktails acidulés. Je note son regard posé sur moi, intense, illuminé un bref instant par la flamme de son briquet chromé. Qu’est ce qu’il peut être beau, figé au milieu du tumulte nocturne. Je me prépare à partir, ou plutôt, je m’agite sur ma chaise en espérant attirer son attention. Tournée de bises générales, y compris au vigile du bar qui ne me connaît pas et me constate d’un air suspect, alors que j’attaque sa deuxième joue, mal assurée sur mes compensées de huit en raphia.…
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BELVOIR, le groupe que tu aurais voulu monter
On continue l’exploration de cette scène française qui nous plaît, aride, abrupte, sans aucun égard pour le consensus, avec un groupe de parisiens monté à Bristol. Il y a une tourmente brillante dans le titre Les Incendies, extrait du premier EP du groupe Belvoir, une odeur de bois fumé. La gorge brûle, les yeux pleurent, mais on y va tout de même, pour le chant scandé et les atmosphères luxuriantes qui semblent s’évader d’un cauchemar inavoué de Charles Dickens. C’est pas mal donne à entendre tout ce que notre époque fait de mieux, et confine à prendre crânement son pied sur fond de transe rock. On espère souffler avec A Table…
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DeSaintex casse les codes avec “Barricadé”
DeSaintex est une énigme. On ne l’a pas vu venir, ce Barricadé là, avec sa voix rauque de mec qui a déjà vécu cent, mille vies. Musicalité minimaliste, flow désabusé, l’auteur-compositeur détache assonances et dissonances avec une délectation toute de désinvolture et de mutinerie. Son EP « Je Vois, Je Crois » (sorti en 2018) se déroule comme une palette d’ambiances tout en contrastes : avec Barricadé, on bat la cadence, frénétique, un peu boudeur, défait par tant de sentiments mêlés ; ce nouveau clip de DeSaintex offre à voir de la terre à mains nues, une atmosphère de polar champêtre imprimée à même la peau d’un personnage en lisière du monde. Une touche…