Mon âge? Quoi, mon âge?
Ma coiffeuse m’a lancé : « j’ai fais une bonne grosse fête pour mes trente ans, et toi ? ».
Je n’ai pas su quoi lui répondre. En général, ce jour se résume, pour moi, à un rituel précis : pantoufles, robe de soirée, Ice Cube en fond sonore, un torrent de larmes, et la main figée sur un pot de glace vanille-brownie. Et en chantant la bouche pleine, bien sûr.
Bon, on ne va pas se mentir, avec cet âge, on ne peut pas éviter la prise de conscience, si ?
Hors de question de faire des efforts, en tout cas: junk food, danse jusqu’à six heures du matin, jurons, numéro glissé au barman, vilaine cuite…Qui arbitre, sinon nous?
Parce que l’âge, c’est surtout dans les yeux des boulangères qu’on le réalise, lorsque le « mademoiselle” ou “jeune homme” se change, sans que l’on sache vraiment pourquoi, en « madame » ou “monsieur”, pile le jour de notre anniversaire. Je pense que ces nanas ont un radar un peu déréglé (je prends du “madame” depuis mes douze ans), mais c’est un autre sujet.
Aux yeux des parents, rien à faire, on demeure des enfants, des nourrissons, pour être précise. Un bébé qui porterait des talons hauts et serait en recherche d’emploi, oui. J’essaie désespérément de les convaincre qu’être une (presque) adulte célibataire, c’est carrément les vacances prolongées pour moi (Benicio, si tu lis ce post, c’est pour rire, appelle-moi). Eux ne peuvent pas s’empêcher de m’aider, en laissant, l’air de rien, l’ordinateur familial ouvert sur la page d’accueil d’Attractive world, tout en me resservant une quatrième assiette de pommes de terre sautées.
Cette année, j’ai innové. J’ai passé mon anniversaire à l’oublier, ce trublion. J’ai découvert, ri, exagéré, enfilé une robe terriblement glamour, souri aux passants et aidé un beau touriste à trouver sa route. Je me suis souvenue que, de nos jours, trente ans n’est que le rappel que tout est possible.
Alors même si les échecs amoureux deviennent un peu plus cuisants (se sevrer des amours chiants, c’est dur), même si être mère est une option (ou pas), même si on a de plus en plus de mal à se passer de la case démaquillage sans pousser un cri en se regardant dans la glace, au petit matin, les filles 3.0 n’ont plus peur de l’âge, ce petit chiffre sans importance. Elles vont vite, pas sans appréhension, mais avec tellement moins d’a priori. Juste absorber toutes les modernités (et les cocktails) pour en faire des instruments de notre liberté.
L’âge n’aura de prise que sur ceux qui lui accordent du crédit !
Haut les cœurs !