Le come-back du gentleman n’attend pas
Du sentiment amoureux, de la rencontre et des fissions qu’elle provoque, on en parle souvent, chez les Gens Pressés, et avec quel intérêt ! Il s’agit d’un des rares instants où toute personne se retrouve face à son destin, vulnérable et pourtant déterminée, hésitante et s’exprimant sans détours. Elle avance, la belle âme, vers l’objet de ses aspirations, et rien ne la freine, tout la projette, bien au contraire, vers cette dimension rêvée : échanger, enfin, avec l’élu(e) !
C’est malheureusement là que la maladresse de l’homme 3.0 complique tout. Plus de fleurs, plus de boîtes de nougats laissées sur le bureau, à la pause déjeuner, de mots doux dans la boîte aux lettres. Alors, on s’insurge, on s’élève et on trépigne. Et non, l’homme moderne se terre dans un silence assourdissant.
Voici donc une courte liste, ô combien non exhaustive, sorte de guide de survie à l’attention de cette gente qui recherche désespérément des repères d’approche sincères, entre masculin décomplexé (mais pas macho) et petit farceur du cœur enchâssé d’une flèche (mais pas con) :
1. Du bon usage du texto/du mail :
Vous l’avez rencontrée fortuitement et sa modernité vous a retourné, comme une fulgurance. Vous l’avez ajoutée parmi vos amis FB. Elle like vos actualités, vous de même. Quelques mails, bref, que vous souhaitez gonflé de toute votre sincérité « J’adore la pelote basque! ». C’est certain, vous dîtes vous, elle vous proposera un verre bientôt. Sauf que ça, c’était il y a huit mois.
Notre conseil : la proposition, c’est votre tâche, pas la sienne. Sauf que le temps que vous vous décidiez, elle sera sûrement déjà mariée et mère d’un adorable garçonnet. Le bon moment, c’est maintenant ! Mais lisez tout de même la fin de la chronique, cela pourrait vous servir.
2. Du mot derrière le mot :
Flash-back : elle s’inquiète de votre santé, vous interroge sur votre actualité, est enthousiaste de partager le même artiste de cœur que vous. Et vous lui répondez. A ses questions, rien qu’à ses questions, et toujours à ses questions. Pauvre de vous…
Notre conseil : armez-vous d’un sonotone et écoutez bien. Vous n’entendez rien ? Vraiment rien ? Pourtant, lorsqu’elle vous lance ce petit « ah, je sais qu’il sera en concert dans quinze jours », ne serait-ce pas une invitation au voyage…du moins musical, pour l’instant ? En deux clics, vos billets Digitick vous attendront dans votre boîte mail.
3. De la constante ironie, et autre second degré :
Vous aimez rire, voilà qui est enchanteur. Du coup, vous pensez la flatter en lui faisant part de vos dernières imitations de Tonton Bob, le bûcheron canadien, juste après qu’elle vous ait confié sa nostalgie quant à son Toronto natal. Ou vous lui présentez cette vidéo.
Notre conseil : écrivez un One Man Show, devenez célèbre et offrez lui un Jeff Koons. Sinon, évitez de vous payer sa tête. Le second degré, c’est au dixième rendez-vous. Avant, cela risque de mener à une claque, ou un verre de vin sur votre belle chemise.
4. De l’importance d’être constant :
Vous l’avez enfin rencontrée autour d’un café. Vous avez ri, cela a été l’un de vos rares moments de détente depuis ces six derniers mois. Elle vous propose de faire une expo. Problème, à cette date, c’est soirée Assassin’s Creed et pizza. Autant reporter vos retrouvailles à dans trois semaines, elle comprendra, songez-vous.
Notre conseil : vous affectionnez particulièrement rouler des pelles à des pixels ? Si non, vous savez que donner à Emmaüs une console, c’est rendre un enfant heureux. Et vous n’êtes pas cet enfant, non.
5. Le cycle de l’addition :
Ah, ce curieux moment de l’addition. Avouez que vous n’aimez pas trop cela : ça se remue vers le comptoir, une coupelle arrive avec cette note blanche, toujours très mal détaillée…Vous vous souvenez de la première fois que vous en avez vu une?
Pas de doute, pas d’inquiétude, vous êtes un radin.
Notre conseil : premier, deuxième, troisième, vingtième…autant de rendez-vous pour autant de notes à régler. C’est comme cela, une norme sociale absurde (ou pas), un fardeau (ou pas), le fait est que le portefeuille doit se tenir prêt, sauf si elle insiste (insiste = attendre qu’elle prononce le cinquième « mais si, ça me fait plaisir » pour lâcher prise. Avant, cela risque de sonner faux).
6. La règle, c’est qu’il n’y a pas plus de règles :
Oui, après cette lecture, vous vous interrogez. Et alors ? Est-ce obligatoire ? Et si j’ai envie de la laisser payer, est-ce que ça fait de moi un salaud ? Assassin’s Creed, je l’aimais avant elle ! Hum…
Notre conseil : la galanterie, cet art discret qui favorise le maniement des mots et du cœur, est d’un exercice délicat et, pourtant, parfaitement adapté à la psyché féminine. Courtiser, c’est être pro-actif. Il ne s’agit pas d’insister mais d’être une force de proposition. Non pas la recouvrir de fleurs, à son anniversaire, plutôt lui en offrir une, à chaque rencontre.
Exploiter le « oui » à 200%, prendre le « non » pour ce qu’il est, une règle précieuse qui vous évitera une désagréable plainte pour distribution intempestive de roses ou de nougats !
Hauts les cœurs !
Crédit photo@Lucasfilm