Boulets, mode d’emploi
Ici, on parle beaucoup de rencontres, de regards impromptus à la faveur d’une tiède soirée d’été. Mais qui songe à tous ces grossiers personnages qu’il a fallu écarter, ces hommes de mauvaise vie qui, gourmette bien en valeur, ont osé croiser votre chemin, sans aucun respect pour votre espace vital ? Oui, il est temps de rendre justice à tous ces instants où l’on a douté de soi, se reniflant la manche, à la recherche d’une odeur anormale qui pourrait justifier l’attraction des goujats vers nous. Portraits choisis :
1. L’über-isé :
Son temps est précieux. Bien plus que vous, d’ailleurs. A peine rencontrés, vous vous retrouvez sous sa couette. C’est qu’il sait y faire : il a même pensé à la bouteille d’eau fraîche de votre côté du lit, et au petit carré de chocolat sous l’oreiller. Mais pas de créneau pour un câlin matinal avec lui : déjà, une autre femme à satisfaire l’attend, à l’autre bout de la ville. Pas de repos pour les pros !
Le risque : qu’il vous demande combien d’étoiles vous lui attribuerez.
La solution : commander un gigolo. En cas de pépin, leur hotline est très efficace, et l’appel non surtaxé.
2. Le TOC-é :
Lui, il commence à reprendre son souffle lorsque vous avez retiré vos chaussures dans l’entrée, et que vous vous êtes passé deux fois les mains au Sanytol. Il repousse poliment vos baisers (il préfère que vous vous brossiez les dents d’abord). Avant de plonger dans un sommeil réparateur, vous tentez un ultime baiser : vous vous heurtez à son masque de nuit et à son baume à lèvres triple-protection (anti-dessèchement, anti-ride, anti-mites).
Le risque : d’accepter sa proposition de vivre avec lui dans une cabine stérile.
La solution : faire tomber son croissant dans la litière du chat, et le lui révéler alors qu’il y mord à pleines dents.
3. Le lève-tôt :
Lui, il a tout pour plaire. Une douce complicité s’est créée, vous vous sentez enfin vous-même dans ses bras. Il vous a même promis des crêpes pour le petit-déjeuner. Mais en guise de réveil, un cri : “merde, mais réveille toi, elle arrive dans quinze minutes chrono !” C’est là que vous notez, encore groggy de sommeil, sur la table de nuit, la photo d’une jeune femme qui n’a pas l’air d’être sa sœur.
Le risque : dormir avec vos baskets, pour fuir plus vite le matin venu.
La solution : oublier de le rappeler.
4. Le squatteur:
Deux jours après votre rencontre, il a décidé de laisser quelques affaires chez vous. La semaine d’après, il vous demandait si vous aviez une paire de pantoufles “en trop”. Puis ce fut un double de vos clés emporté “par erreur”, une de ses chemises déposée dans votre lave-linge. Des canettes de bière jonchent le parquet de votre salon et il demande “qu’est ce qu’on mange” tous les soirs.
Le risque : héberger à titre gratuit un coup d’un soir.
La solution : alerter la SPM (Société de Protection Masculine) qu’un homme abandonné a trouvé refuge chez vous. Leur préciser qu’une fléchette hypodermique ne serait pas de trop.
5. Le cas soc’:
Tout se déroulait comme dans un rêve et vous le laissiez même piocher dans votre pop-corn. Faisant fi de ses mains moites, de ses bises humides, de sa calvitie, de ses chicots, de son aversion pour les vendeurs de roses, les chatons, les journalistes, les enfants, l’art moderne, il était temps, vous disiez-vous, de revoir vos a priori, et de lui donner sa chance.
Le risque : célébrer Jeanne d’Arc le 1er mai.
La solution : si vous aspirez à la charité, faites donc du bénévolat.
6. Le Tinder-man :
Ce qu’il est canon en photo ! Lui, il veut d’abord apprendre à vous connaître, dit l’annonce. Pour votre premier rencard, il vous emmène dans joli café (“parce que leur thé est bio hein, pas parce que c’est juste en bas de chez moi”, tient-il à préciser). Tandis que vous lui parlez de votre boulot, il swipe à droite quelques profils sur l’appli, l’autre main sur vos seins.
Le risque : vous retrouver involontairement dans un plan à trois (vous, lui, et son ego surdimensionné).
La solution : le bloquer, tout en sirotant votre thé.
7. Le “à l’ancienne” :
Il a beaucoup de classe, et les manières qui vont avec. Après une soirée inoubliable, il vous entraîne dans une chambre d’hôtel, à l’improviste. Au matin, une liasse est coincée sous votre oreiller. Le fixant d’un regard interrogateur, il vous demande, inquiet, si le compte y est.
Le risque : le remercier d’avoir laissé cinquante euros en sus.
La solution : lui préciser que votre tarif est désormais soumis à la T.V.A.
Hauts les cœurs !