Eternel masculin vs Girl Power
« On ne vous comprend plus !» « Pas besoin, hé, macho ! » «Que voulez-vous de nous ? » « Tout, Monsieur Moustache, tout ! »
Ô joie singulière et apaisante de vivre ensemble. De s’écouter. De se comprendre. Bon, où en est-on ?
Les Femen. Pas du tout violentes. Pas du tout hurlantes. Mais comment font-elles pour se trouver sur tous les continents, à une vitesse incroyable ? Démultipliées, elles sont partout, et nous enveloppent d’un halo de colère indicible. Leurs corps bariolés de slogans militants rappellent les peintures cérémonielles des guerriers tribaux. Leurs torses nus s’apparentent à ceux des augustes chefs de guerre maoris. Là où certains ne repèrent que des seins exhibés, on peut aussi y voir des lutteuses prêtes à l’assaut.
De quel phénomène ce débordement de rage est-il donc l’écho? Se poser la question laisse songeur…
…aurait-on déjà oublié ? Omis que, par exemple et très étrangement, il apparaît que les jeunes femmes ressentiraient le besoin de gagner un salaire équivalent à celui de la gent du sexe fort, histoire de pouvoir le dépenser sans regret en savons Lush et compensées Marant, voire et/ou en livres. Le choc.
De plus, les missions ponctuelles ne les tenterait plus, non, un CDI matcherait beaucoup mieux avec leur nouvelle veste tweed. Et puis les coups, alors ça, non, plus possible : envie de profiter de leur exceptionnelle longévité, sans exception.
Enfin, déguster un pot de glace tranquille devant un film, sans constater que dans le dernier spot télévisé vantant un parfum, le mannequin ne s’est toujours pas décidée à revêtir un peignoir, histoire de conserver un peu de ce mystère que son regard lustré ne permet plus de deviner…
Non, voir un homme nu dans une publicité pour un appareil photo n’est définitivement pas la solution : à discrimination égale, bonheur retrouvé ? Vraiment ? A moins d’obtenir le droit de les sélectionner…
C’est que l’homme idéal commence à prendre forme. Ferme, mais aussi doux et compréhensif. Qui sait conserver sa part féminine tout en gardant un œil ému sur nos derniers achats compulsifs chez Bruuns Bazaar. La galanterie ET le machisme discret. Oui, les hommes font des efforts: ils se laissent pousser la barbe tout en sachant distinguer un pull Comme des Garçons d’une veste customisée Andrea Crews. Et ils ont presque accepté le fait que les demoiselles sachent siffler les passants aux terrasses des cafés, faire des tartes, fumer et jurer comme des corsaires.
Cela mérite donc bien un petit effort. Promis, à l’avenir, les filles seront plus douces. Et les Femen pourront enfin s’habiller chaudement ; c’est certain qu’elles n’attendent que cela. Juste le temps de faire fondre l’iceberg de vingt siècles d’inégalité et ce sera prêt. Mais oui, puisque on vous dit que c’est une promesse !
…
Haut les cœurs !