Chroniques

Où est (vraiment) le cool?

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Sérieusement, il serait temps d’y voir un peu clair dans la coolosphère. Cela devient terriblement délicat de s’y retrouver. Entre les montures de lunettes en bois et le retour des New Balance, on oscille doucement entre lassitude et désespoir. Même les webzines tournent en rond, s’abreuvant tous au même point d’eau.

Le cool ressemble un peu à un privilège, celui de ceux qui savent où tourner leur regard lorsque tous attendent encore que la bonne option leur soit sagement indiquée. Il se fait furtif, se mouvant discrètement aux abords du dangereux fleuve mainstream.

La conséquence immédiate reste que l’amateur de culture pas encore cuite, avec ce petit trait d’acidité qui fait toute sa rareté, ne sait plus à qui se fier. Les défricheurs radiophoniques les plus rodés se laissent doucement concurrencer par des sites bricolés avec la malice du talent.

D’ailleurs, qu’est-elle est donc, cette fichue tendance ? Quelqu’un l’a t’il déjà vue se fixer plus de cinq minutes à la terrasse du Tuck Shop ? Non, elle préfère de loin s’éloigner des allées trop policées de Paris Plage pour rallier l’électro-barbue et Ray-Bannée du Glazart. Pour le meilleur?

Pour Alain Cavalier, le cool absolu, c’est un  couple de réalisateurs se  filmant pendant quarante-huit heures au quotidien, sans aucune censure, le cinéma éclatant face à tant de nouveauté. Le cinéma, peut-être, mais pas notre indifférence crasse héritée de nos années Wanadoo. Non, le cru a perdu sa saveur interlope: on veut plus! Plus d’imaginaire mais mâtiné de réalité, plus de frontières molles entre le songe et les pavés gris pastels de la rue du Nil.

Mais où est donc ce sacré cool ?

Certains forums proposent une nomenclature suprême à ceux qui s’interrogent et suivent doctement les conseils 3.0 délivrés par une Pythie toute de plastique et de cristaux liquides. D’autres tentent la paire de tongs siglée…hum…

Où loge t’il?

Dans ces soirées pyjamas fichées dans un hôtel luxueux, au perron habituellement infranchissable ? Dans ce concert illégal sous influence dans un wagon de métro ? Les bornes se fondent dans le décor et les castes éclatent.

Le cool se laisse soudain deviner au détour d’une œuvre de Théo Mercier, où le bizarre embrasse à pleine bouche une drôlerie dérangeante. Il montre une mèche peroxydée du côté d’Ostende, histoire de marcher dans les pas d’un Marvin Gaye en perte de vitesse, plus borderline et inspiré que jamais. Il abhorre les films centrés sur les jeunes filles en fleur, leur préférant les fables douces-amères d’Alice et Virgile, peuplées de garçons de bonne famille terriblement beaux et lâches, et d’amoureuses venimeuses, un poil obscènes, pour notre plus grande confusion des genres.

Surtout, on souhaiterait que le cool n’aime ni le bubble tea, ni les Vans customisées (mais aux Gens Pressés, on veut bien vous les garder, si, on insiste!), plutôt un Fuzati éméché en costume trois pièces jetant des canettes de vin rouge sur l’équipe de tournage de Paris Dernière.

Et tandis que kim Novak nous abandonne au coeur d’un paysage musical fait d’amour absolu et de fins de partie amères, de douce latérite mélancolique et de mouvements de danse que l’on n’aurait jamais osé esquisser, le cool sommeille un peu, lessivé par tant d’écarts de conduite, certain que d’ici une heure ou deux, ses poursuivants, par paresse ou manque de malice, auront tôt fait de le confondre avec….un album de Daft Punk. Cool ou pas cool ? Ah !

Hauts les cœurs !

ps: les liens soulignés en rose sont faits pour être cliqués et dévorés. Enjoy!

Crédit gif @Tumblr

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