Chroniques

« Devenir adulte? Vraiment?»

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Ce n’est pas une urgence, pas le dernier short en dentelle du printemps et, pourtant, cela nous est seriné depuis notre naissance, grâce à un marketing implacable: quand tu seras grand, toi aussi, tu seras, toi aussi, tu sauras. Alors, qu’est ce qu’on attend ?

Enfant, on aspire à décrypter les conversations d’alcôve des parents tout comme celles des escargots, la main en cornet autour de l’oreille: comment font-ils pour se comprendre, en parlant aussi bas?
Le temps passe : nos préoccupations adolescentes prennent le dessus et il n’est rien de plus fondamental que d’écouter du son le plus fort possible, porter des Van’s © et embrasser Léo, redoublant de Terminale S ou/et la timide Iris, en Troisième B.
De là, la croissance devient une poussée ultra-contrôlée soumise à un balisage social hypnotique: obtention de diplôme, costume surtaillé, relation amoureuse stable avec son PEL. Et tu dis merci la vie. Il n’y a pas de “mais”.

On aimerait pouvoir ignorer ce basculement : on est jeune après tout, on s’en fiche de ce passage au monde adulte, on n’y cédera pas. Vraiment ?

Et pourtant, avec ces tintements de mugs et cette odeur de bagels toastés, on aurait dû se méfier : le brunch, ce fourbe, s’est aggloméré à notre dimanche matin sans qu’on s’y attende. Sans compter qu’une personne dont on connaît parfaitement l’identité est en train de préparer du café dans ce qui semble être notre logement,oui, à tous les deux.

Plus de nouilles instantanées empilées dans les placards, pas de numéro de téléphone griffonné à la hâte sur un bout de papier mais la carte du nouveau bar à la mode où passer des « afterworks » conviviaux.
Des adultes ? Jamais de la vie ! Comme dirait Cindy Lauper, “girls just wanna have fun”. Oui, Cindy Lauper!
…non, toujours pas ?

On peut volontiers convenir qu’on ne peut pas tout sacrifier sur l’autel de l’insouciance et du bordel rangé. Devenir adulte, c’est aussi trouver un certain apaisement, la satisfaction d’avoir atteint un objectif, d’avoir rendue concluante une vision. En ce sens, d’accord pour grandir. Pas pour renoncer.

Alors, n’ayant de cesse que de croire que demain se détachera de l’or de nos rêves les plus déglingués, il sera toujours temps de revêtir cette ébullition juvénile dont on a enfin saisi les codes. L’objectif ? Façonner une maturité qui nous ressemble, qu’on se sera imposée avec délice. Et cela sera comme si l’été de nos quinze ans s’était poursuivi jusqu’à aujourd’hui.

Hauts les cœurs !

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